Quatre conseils pour débloquer un scénario de film.

C’est-à-dire quand vous êtes producteur et que vous y croyez encore…

Si vous êtes auteur ou producteur, vous connaissez sans doute le syndrome de l’histoire qui bloque ou qui tourne en rond. Cette fameuse histoire que vos auteurs ont beau écrire, réécrire et qui ne décolle pas, même au bout de 4,5,6 traitements. Cette histoire en laquelle vous continuez de croire mais qui finit par vous coûter trop cher. Cette histoire qui pourtant avait tout pour elle :

-Le bon concept.

-Le sujet dans le vent.

-Le héros parfait.

-Les scénaristes de renom.

Cette fameuse histoire est le problème de beaucoup de producteurs de cinéma et de la plupart des producteurs avec lesquels je travaille. Et, elle est peut-être votre problème.

Mais alors : comment réanimer un scénario de film qui s’essouffle ? Comment débloquer un script ? C’est ce que nous allons voir en 4 temps :

Donner (un peu) de temps à vos scénaristes.
Mettre l’histoire à plat.
Revenir à la genèse de l’oeuvre.
Tout remettre en question pour trouver de nouvelles idées.

1. Prendre du recul.

Une histoire ne meurt ni ne s’essouffle jamais… à deux conditions :

- Condition A : que l’histoire soit bonne. C’est-à-dire qu’elle repose sur un concept fort, personnel, percutant, novateur et s’accompagne d’un point de vue ou d’un thème. Comprenez qu’une histoire qui a des difficultés à naître ne pourra jamais renaître (de ses cendres). Parce qu’avant de renaitre, il faut déjà pouvoir naitre. Autrement dit : plus les bases du scénario seront solides, plus l’histoire sera rattrapable. Si tel n’est pas le cas, c’est que l’histoire ne vaut pas le coup. Et ne doit mérite pas une option.

- Condition B : que repos soit donné aux scénaristes. A force d’écrire, de réécrire, de raturer, de nombreux auteurs finissent par perdre le cap et la vision de leur histoire. C’est alors que la frustration s’installe, puis la peur. Les auteurs n’écrivent plus par envie mais pour noircir des pages. Rendre le projet à temps. Et le résultat est sans appel : l’histoire, si prometteuse, finit par tourner en rond, s’essouffler, puis couler. A pic.

La meilleure chose à faire dans ces cas-là ? C’est encore de prendre du recul. Oublier le script. Une semaine, dix jours. Le fameux « partir pour mieux revenir » qui fait si peur aux producteurs mais qui est si utile.

2. Mettre l’histoire à plat pour la débloquer.

Une fois la période de convalescence passée, je conseille aux producteurs de réunir leurs scénaristes pour discuter ensemble du projet. Méthodiquement. Objectivement. Sans foncer tête baissée mais en prenant, plutôt, le temps de mettre l’histoire à plat.

Comment ?

En faisant le résumé point par point, acte par acte du scénario grâce à ce que nous appelons communément un fil à fil.

Une fois le résumé achevé, il s’agira alors d’identifier les éléments de l’histoire qui posent problème avant de les substituer par d’autres ou de les enlever jusqu’à trouver l’enchaînement parfait, le déroulé adéquat, les idées qui conviendront au mieux à l’histoire.

Et ce n’est qu’à l’issue de la réécriture de ce fil à fil (et après validation par le producteur) que l’auteur pourra repartir en écriture. PAS AVANT.

3. Revenir à la genèse du projet de film.

Mais parfois, un fil à fil ne suffit pas.

Alors que faire ?

Si après maintes écritures et autant de versions, l’histoire reste sans issue, il conviendra de revenir à la genèse de l’oeuvre, aka la raison qui a poussé les auteurs à se lancer dans l’écriture de leur projet. Car pour savoir où l’on va, il est parfois nécessaire de se rappeler d’où l’on vient.

-Quel est l’élément déclencheur qui a poussé les scénaristes à prendre la plume ? Etait-ce pour parler d’un sujet particulier ? Par besoin ou envie de faire passer un message? Pour raconter la vie personnage connu, d’une personnalité inspirante ?Pour adapter une oeuvre (et si oui, pourquoi cette oeuvre ?) ?

Revenir aux origines, permet - en cas d’oubli - de se remémorer ce qui est important. De distinguer ce qui importe de ce qui importe peu.

Une fois l’intention reformulée, les auteurs sont alors plus à même de faire les choix qui conviennent le mieux à l’histoire.

Ce faisant, n’hésitez pas à demander à vos scénaristes d’écrire le synopsis (court, deux lignes) de l’oeuvre et un résumé du message qu’ils souhaitent véhiculer. Puis, demandez-leur d’imprimer et de garder ce bout de papier avec eux. Le perdre, serait comme perdre leur intention.

4. Tout remettre en question et trouver de nouvelles idées.

Si rien n’y fait, si en dépit des conseils précédents, les auteurs continuent de « bloquer » sur leurs histoires, ne restera plus qu’une seule solution : détruire (en partie) pour mieux reconstruire.

Cette phase exige de sortir du cadre du script et de lâcher prise. Peut-être faudra-t-il dire adieu à des personnages, des situations, des scènes dont les auteurs refusent de se détacher mais qui freinent l’histoire.

Pour ce faire, il existe une question. Concise et simple, qui commence toujours par :

« Et si ? ».

« Et si » est sans limite. Il peut s’appliquer à tous les organes de l’histoire (intrigues A, B, C, personnages principaux ou secondaires etc) et son but est simple : générer de nouvelles idées.

Voici quelques exemples :

-Et si le personnage central ne mourrait plus ?

-Et si son objectif arrivait avant que le film commence ?

-Et si elle/il ne tombait pas amoureux(se) ?

-Et s’il changeait d’objectif en cours de film ?

-Et si la fin n’était pas la bonne ?

Lorsque tous les « et si » auront été posés, viendra ensuite le moment du choix.

Parmi les nouvelles pistes, les nouveaux personnages, pivots, arrangements quels sont ceux qui servent le mieux à l’histoire tout en restant en phase avec l’intention de l’auteur ? Voilà la question à laquelle il faudra répondre.

Et après ?

Après : retour à la case 2 pour écrire… un nouveau fil à fil jusqu’à ce que l’histoire finisse enfin par tenir la route.

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