Créer de bons personnages de film (1)
Une vision de l’esprit ne suffit pas à créer un personnage, un personnage se construit !
Nombreux sont les auteurs à se lancer dans l’écriture d’un script sans accorder le temps nécessaire à la création de leurs personnages de film.
C’est une erreur. Car en plus de faciliter le sentiment d’identification du spectateur, les personnages façonnent l’histoire. L’histoire vient d’eux, nait d’eux. Qui plus est, les héros d’un film peuvent, parfois, dénouer un script en panne.
Dans cet article, nous aborderons deux questions :
Voici les questions abordées dans cet article-ci :
Qu’est-ce qu’un personnage crédible ?
Comment s’y prendre pour créer un bon personnage de film ?
NB : parce qu’il est très long (et en deux parties), l’article est disponible en PDF (avec fiche personnage à partager avec vos auteurs). Pour le télécharger, cliquez ici.
1. Qu’est-ce qu’un personnage de film crédible ?
Un personnage crédible, qu’il soit homme, femme, animal, ou objet, est un personnage auquel le spectateur est capable de s’identifier émotionnellement. Le comportement, les traits psychologiques, l’objectif, le déroulé du parcours du personnage contribuent à créer cette réciprocité.
Personnage crédible = auquel le spectateur s’identifie émotionnellement.
Prenons l’exemple récent de J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin. Vous avez peut-être, comme moi, ressenti de l’affection pour la main de Naoufel, personnage central du film. Mais, pourquoi et comment le spectateur peut-il ainsi s’attacher à une main ? Une main, ça ne parle pas, ça ne pleure pas, ça ne rit pas, ça ne vit pas.
Pour arriver à leur résultat, les auteurs ont utilisé les mêmes procédés que pour n’importe quel personnage humain en :
Nous sensibilisant au parcours de Naoufel, le corps manquant, grâce aux flashbacks qui résument son parcours.
Nous sensibilisant à l’objectif de la main : retrouver son corps.
En donnant des attributs à la main (Elle est courageuse).
Et en parant son parcours d’obstacles.
Ce qui, vous vous en doutez, nécessite un long travail de caractérisation.
2. Comment s’y prendre pour rendre un personnage crédible ?
Connaître les éléments importants à la conception d’un bon personnage ne suffit pas. Encore faut-il comment s’y prendre car la tâche peut s’avérer difficile. Dans les paragraphes qui suivent, vous trouverez donc le procédé de réflexion que je fais suivre aux auteurs en phase de caractérisation.
Nb : le procédé qui suit n’est pas imposé et n’est pas l’unique solution. A vos auteurs de le suivre ou non. J’espère simplement qu’il les inspirera.
A) Créer une fiche d’identité. Je ne compte pas le temps que les auteurs et moi passons à créer le profil de chacun des personnages, principaux et secondaires. Outre leurs noms, prénoms ou âges respectifs, c’est surtout aux qualités, aux faiblesses, aux objectifs ou aux obstacles internes des personnages que nous nous intéressons afin de les personnifier au mieux. Cependant, je ne vous dirai pas qu’il faut x qualités et x défauts pour rendre un personnage crédible. Car, non, je ne crois pas aux formules magiques. Pas plus qu’à l’équilibre parfait. Tout ce qui importe c’est que le personnage reste le plus vrai possible — même s’il est caricatural. Car, aussi méchant ou gentil que soit votre personnage il ne peut être que cela. Tout homme, toute femme, est un mélange déséquilibré d’ombre et de lumière.
B) Etudier l’écosystème. Vous vous en êtes sûrement rendus compte : nous ne sommes pas seuls. Nous vivons entourés de gens :) Certains, que nous aimons beaucoup. D’autres que nous aimons beaucoup moins. Et une chose est sûre, nous nous comportons différemment selon nos interlocuteurs. La création de personnages « vrais », passe donc aussi par la création de personnages multi-facettes, qui changent selon leur environnement. C’est pourquoi, il est important de travailler les relations de vos personnages. Ennemis ou amis, vous devez savoir comment votre personnage référent se comporte face à autrui, ce qu’il pense de son interlocuteur et la manière dont va évoluer leur relation. C’est la deuxième étape du travail de caractérisation et elle est très importante car elle sert, aussi, à nourrir les intrigues secondaires (souvent liées aux personnages secondaires).
C) Imaginer le parcours, imaginer la fin. Pour moi, il est impératif que les scénaristes connaissent les pivots importants, l’évolution, l’apprentissage et la destinée de leurs protagonistes et ce avant même de se lancer dans l’écriture. Ne pas savoir, c’est le meilleur moyen de se tromper et le meilleur moyen de faire face au syndrome de la page blanche car : l’histoire se nourrit des personnages. Que va-t-il leur arriver au cours de l’histoire ? Quels obstacles vont-ils rencontrer ? Que vont-ils apprendre sur eux ? Sur la vie ? Voilà des questions que vos auteurs, que vous, devrez vous poser.
3. Ressource pour vous aider à créer de meilleurs personnages ?
Lorsque je travaille à l’élaboration de mes personnages, ou lorsque j’accompagne des auteurs, je consulte très souvent ce livre-ci : Writer’s Guide to Character Traits. C’est ma bible anglaise et je ne saurais que trop vous conseiller de vous le procurer.
Le droit d’auteur s’applique. Toute reproduction ou copie de cet article sans la mention de l’auteur et du site estellekonik.com encourt des poursuites judiciaires.